Autour de chez moi – Un peu d’histoire I

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Gap et les Hautes Alpes – De la préhistoire au XIXe siècle

Préhistoire

Source Wikipedia

7 Fi 773 – Vue générale prise dans la direction de l’est (colline de Saint-Mens)Andreis (Gap) Producteur : Syndicat d’initiative (Gap). Source Archives des Hautes Alpes

Le premier peuplement de Gap daterait du néolithique (-8500 à -3000 Av JC). La culture de ces premiers habitants faisait partie du Chasséen méridional (-4350 à -3300 Av. JC). Les très rares témoignages de l’époque préromaine sont constitués par les vestiges d’un oppidum situés au sommet de la colline de Saint-Mens avec quelques traces visibles d’un dolmen mis au jour en 1866 et d’un ancien cimetière au lieu-dit Pré Camargue ; mais aucun reste n’a été conservé de ces deux dernières découvertes. Des deniers gaulois ont également été retrouvés.  Selon l’Histoire du passage des Alpes par Hannibal p. 212 par l’historien Jean-André de Luc, Gap est la capitale du peuple celto-ligures des Tricorii. Ces peuples, appartenant probablement à des tribus Caturiges, étaient de langue celtique. Une autre hypothèse est qu’il s’agit de la capitale des Avantiques

La période romaine

Le Gapençais fait alors partie du territoire des Voconces, peuple gaulois romanisé lors de la conquête de la Narbonnaise en 125-124 av. J.-C., dont les capitales étaient Luc-en-Diois et Vaison-la-Romaine.

À cette époque, l’emplacement de la future ville se résumait à un camp romain. Ce camp était protégé par un mur terrassé entouré d’un fossé. Il était le plus important entre Montgenèvre et Sisteron. La garnison qui l’occupait pouvait être estimée à 360 hommes. Ceux-ci provenaient des peuplades alentour. Ils étaient chargés de protéger les utilisateurs des voies romaines contre les pillards. Plus tard, un axe vers le Champsaur est créé. Le site de Gap prend de l’importance en devenant un nœud de communication.

Vers 20 av. J.-C., Cottius, un chef de tribus de la vallée de Suse, allié à Rome, et exhorté par Auguste, entreprit l’édification d’une voie de communication dans la vallée de la Durance. Il dut soumettre les différents peuples concernés, ceux-ci désireux de conserver leur indépendance. Cet itinéraire, édifié entre 14 et 6 av. J.-C., et qui reçut le nom de Via Cottia per Alpem (partie alpine de la via Domitia), reliait Turin à Sisteron et comportait six stations. La ville de Gap a été fondée à partir d’une de ces stations. En 22, le site de Gap devient le départ d’une voie romaine vers Valence.

La Via domitia
Le pont romain de Burle aujourd’hui
le pont romain de Burle en 1916
Situé au dessus du torrent de Bonne, parallèlement au cours Ladoucette, le pont romain de Burle est bien caché impasse de Bonne

Vers la fin du iiie siècle et ive siècle, est édifiée une nouvelle fortification. Ces remparts, qui entourent totalement la première enceinte, sont composés de onze côtés et de onze tours qui protègent les habitants de la ville des invasions barbares. Le monde romain se sentit en effet très tôt menacé par les envahisseurs germaniques. La superficie enclose, 2 ha, fait de Gap un gros bourg.

Le royaume des Burgondes entre 443 et 476

La région est évangélisée aux iiie et ive siècles, un grand diocèse fut créé en incorporant à la cité d’Aix toute la vallée de la Durance jusqu’à Chorges, et à partir du concile de Nîmes de 396, Remigius (un des 21 participants) fut chargé de le diriger. Au moment où la hiérarchie chrétienne, qui symbolisait la paix romaine et l’organisation sociale, s’implantait à Gap, l’Empire romain qui avait apporté à ses habitants un début de civilisation et un espoir de progrès, tombait en décrépitude puis succombait sous le coup des envahisseurs germaniques, auparavant maintenus au-delà du Rhin. 

Ils commencèrent à envahir la Gaule vers 400. La région des Alpes, longtemps épargnée, parce qu’elle était pauvre, fut envahi par les Wisigoths en 412 et occupé par les Burgondes dès 450. Puis vinrent de nombreuses incursions barbares, des hordes germaniques, vinrent du nord, les Danois, les Scandinaves, de l’est, les Hongrois, les Huns, du sud les Sarrasins.

Saint Arnoux – Saint patron de la ville de Gap.  il est fêté le 19 septembre

Le haut moyen âge

Gap et sa région firent partie du comté de Provence constitué à la fin du xe siècle, puis du comté de Forcalquier qui s’en est détaché au xiie siècle. Les évêques de Gap étaient aussi les seigneurs temporels de la ville. Mais leur contrôle fut longtemps contesté par les officiers des comtes de Forcalquier, notamment sous l’épiscopat d’Arnoux, qui devint par la suite le saint évêque de la cité.

Les capitouls de Toulouse avaient la coutume originale de tenir des annales décorées de leurs portraits en miniature, expression de leurs privilèges consulaires.

Cette population urbaine s’organise dès le xiie siècle en continuant les institutions gallo-romaines ce qui explique que l’on donnera tout de suite aux magistrats municipaux le nom de consuls et au régime municipal le nom de consulat. L’évêque de Gap, en principe souverain dans la cité de Gap, y logeait tout de même le comte de Provence et le comte d’Albon. La politique des évêques fut donc très délicate, prise entre trois feux : ceux du Dauphin, ceux du comte et ceux de la commune naissante.

A partir de 1044, le comte de Provence devient l’hôte de l’évêque. Le pouvoir quasi absolu de l’évêque ne trouve ses bornes que dans ces liens d’homme à homme qui sont spontanément noués depuis deux siècles entre gouvernant et gouvernés La souveraineté de l’évêque est exercée par ses officiers (bailli, procureurs d’offices, chapitre). Le chapitre organisé au début du xie siècle a ses officiers, doyen, sacriste, archidiacre, et compte 15 à 18 chanoines recrutés parmi les bourgeois de la ville. A cette bourgeoisie gapençaise, dont l’origine peut être considérée comme très ancienne, car il n’y a pas de cloison étanche entre la civilisation gallo-romaine et celle du haut Moyen Age, viennent s’agréger aussi des éléments étrangers : dauphinois, provençaux du sud, italiens, un très grand nombre d’individus qui, après avoir suivi la grande route, ont trouvé à Gap une place de choix. 

La cité de Gap

Les bourgeois de Gap profitant du passage dans leur ville de Gautier de Pabiatis, vicaire impérial, obtinrent la reconnaissance officielle de leur consulat et de leurs libertés : droit d’élire leurs consuls, d’avoir un juge, des revenus communaux, droit de légiférer en matière de police et de finances. Cet acte de 1238 constitue la Charte de la commune de Gap.

Le Dauphiné dans ses limites du xviiie siècle et les communes et départements actuels. La partie de la province qui fait aujourd’hui partie de l’Italie a été perdue en 1713 au profit du duché de Savoie.

À la mort du dernier comte de Forcalquier en 1209, les régions d’Embrun et de Gap étaient transmises au Dauphiné tandis que celles de Forcalquier et de Sisteron retournaient au comté de Provence. C’est pour cette raison que le blason actuel de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur porte le blason du Dauphiné. En 1349 le Dauphin de Viennois Humbert II transmit sa principauté au petit-fils de Philippe VI de France, le futur roi de France Charles V. De 1349 à 1457 le Dauphiné demeura une principauté séparée de la France, dont le prince était le fils aîné du roi de France. En 1457 Charles VII mit fin à ce statut et intégra la province au royaume de France.

Les templiers possédaient une maison à Gap, établissement secondaire qui dépendait d’une commanderie.

Au xive siècle, la ville profite des bénéfices de l’installation des papes à Avignon qui lui apporte un passage plus fréquent de voyageurs pour développer un artisanat de laines et de peaux qui la fait prospérer. Les liens avec Avignon sont renforcés par la présence de nombreux clercs de l’entourage du pape au sein du chapitre des chanoines de Gap.

Les xvie et xviie siècles

Gap en 1607 (gravure de Jean de Beins)

Les xvie et xviie siècles sont des périodes particulièrement sombres pour la ville. Les Guerres de religion sont meurtrières dans la région. Gap est un fief catholique, alors que le Champsaur a basculé dans la « religion prétendument réformée ». Il est à noter que le célèbre réformateur protestant Guillaume Farel (Natif des Farreaux près de Gap) prêchera avec ferveur dans le Dauphiné et en Suisse, après sa participation à l’embryon de la Réforme française de Meaux. Après diverses escarmouches, François de Bonne (Duc de Lesdiguières), chef des protestants, décide d’attaquer Gap, pourtant protégée par 20 tours. Dans la nuit du 3 janvier 1577, François Philibert, dit « Cadet de Charance », lui ouvre la porte Saint-Arey, et lui permet de pénétrer par surprise dans la ville.

 Aux cris de « Tue ! Tue ! » ses hommes procèdent à une véritable boucherie.  De Bonne incendie la cathédrale, pille les couvents. , s’approprie les biens des habitants, et s’édifie une orgueilleuse citadelle sur la colline de Puymaure d’où il domine tout Gap. En 1622, il abandonnera toute prétention sur la ville car Il accédera à la charge de connétable de France à la suite de sa conversion à la religion catholique.

En 1692, les troupes du souverain piémontais Victor-Amédée II, engagé dans la Ligue d’Augsbourg contre la France de Louis XIV, prennent la ville, abandonnée par ses habitants, le 29 août. Gap est pillée et incendiée. : sur les 953 maisons de la commune, 798 sont détruites.

La Révolution française.

En 1790, pendant la Révolution française, la province du Dauphiné est scindée en trois départements : la Drôme, l’Isère et les Hautes-Alpes dont Gap devient la préfecture. Les Hautes-Alpes deviennent alors le plus haut département de France et Gap, la plus haute préfecture du pays, ce qu’elle est toujours depuis.

Aquarelle de Gap. Bien que non datée et non signée, on peut penser qu’elle date du premier tiers du XIXe siècle. (Bibliothèque Dauphinoise. Jean-Marc Barfety)

xixe siècle

En 1802, le baron Charles-François de Ladoucette est nommé préfet des Hautes-Alpes. Sous son administration, la ville de Gap et le département des Hautes-Alpes connaîtront un certain essor. Il fera construire des routes reliant Gap à l’Italie et à la vallée de la Drôme et créera la pépinière départementale. Sa statue, œuvre du sculpteur gapençais Jean Marcellin sera érigée en 1866 sur le cours qui porte son nom.

De retour de l’île d’ElbeNapoléon s’arrête à Gap le 5 mars 1815. Reconnaissant de l’accueil de la population de ces régions, il laisse aux Haut-Alpins le message suivant :

«  Aux habitants des départements des Hautes et Basses Alpes, Citoyens,

J’ai été vivement touché de tous les sentiments que vous m’avez montrés, vos vœux sont exaucés. La cause de la Nation triomphera encore. Vous avez raison de m’appeler votre Père ; je ne vis que pour l’honneur et le bonheur de la France. Mon retour dissipe toutes vos inquiétudes ; il garantit la conservation de toutes les propriétés, l’égalité entre toutes les classes et les droits dont vous jouissez depuis vingt-cinq ans, et après lesquels nos pères ont tant soupiré forment aujourd’hui une partie de votre existence.

Gap, la porte Lignole, dessin d’Alexandre Debelle, Album du Dauphiné, ou recueil de dessins, de sites, villes, bourgs, églises, châteaux et portraits, tome I (1835).

Dans toutes les circonstances où je pourrai me trouver, je me rappellerai toujours avec un vif intérêt tout ce que j’ai vu en traversant votre pays.  »

Dans la seconde partie du siècle, Gap connaît une nouvelle ère à partir de 1875 avec l’arrivée du chemin de fer.

Le canal de Gap qui capte l’eau du Drac dans le haut-Champsaur et l’amène dans le bassin gapençais est mis en service en 1880.

La commune de Chaudun est réunie à celle de Gap par l’arrêté préfectoral du 22 octobre 1895

Usines de L’Argentière et quartier de la gare, carte postale des années 1900.

En 1884, le train arrive jusqu’à Briançon, dans la partie nord du département, après être passé par Gap et avoir remonté la vallée de la Durance.

Ce siècle voit une émigration conséquente de la population du département, pour des raisons économiques. Au début du siècle, l’agriculture est le premier secteur économique du département, cependant, les populations rurales de la région ont souvent une double activité, pratiquant le colportage à une échelle nationale voire internationale pour certains, ou servant de main-d’œuvre à l’industrie. La seconde moitié du siècle voit également le développement de l’industrie minière aux environs de Briançon (graphite, anthracite et métaux) et de L’Argentière (plomb, cuivre, argent), dans des secteurs possédant des mines exploitées dès l’époque romaine.

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