Autour de chez moi – Un peu d’histoire II –

Des pages et des articles consacrés à mon environnement immédiat autour de chez moi.

Gap et les Hautes Alpes – Le XXe siècle

Début du siècle Pauvreté et émigration

Sources : wikipediaLaurence SalzePatrick Caffarel et Michel Clément

Publicité d’une agence d’émigration parue dans la presse locale (1895)

Les Hautes-Alpes ont été le creuset d’un mouvement migratoire significatif, débuté vers 1850 qui s’est poursuivi jusqu’au deuxième conflit mondial, avec pour destination finale le continent américain. Il concerne la majorité des cantons du département mais selon des degrés très disparates.

Les populations du nord du département, du Briançonnais, du Queyras partaient principalement vers l’Amérique du sud, il s’agissait de gens généralement instruits (libraires, enseignants). En revanche, pour les habitants du Gapençais, du Champsaur, la destination prédominante était l’Amérique du nord, leur origine sociale était plus diversifiée, avec un capital culturel moins prononcé.

Ainsi sur plus de 10 500 Haut-Alpins répertoriés, partis Outre-Atlantique sur la période, 80% sont issus du Champsaur avec pour destination finale essentiellement les États-Unis d’Amérique. L’apogée de ce mouvement migratoire se situant entre 1880 et 1910.

Les raisons profondes de cet exode alpin massif découlent de la géographie des lieux : pays de montagnes escarpées aux faibles surfaces agricoles utiles, morcellement en petites parcelles à l’image du bocage champsaurin, accroissement des zones interdites au pâturage, difficultés d’arrosage l’été dans les parties hautes des vallées, avalanches, inondations, incendies des toits de chaume. Les familles nombreuses sont légions avec, pour corollaire, l’application d’un droit d’aînesse qui a pour finalité de privilégier l’aîné des garçons, le seul à pouvoir perpétuer la propriété des ancêtres.

La première guerre mondiale

Soldat

Source Alpes1

Quatre ans de combat et de guerres des tranchées… et des hommes, des Hautes-Alpes et des Basses Alpes partis au front, laissant derrière eux leurs familles et leurs vies. C’est toute une région qui doit s’adapter. Une guerre qui n’a pas épargné les hommes et les femmes des Alpes du Sud.

Toute l’économie des Alpes du Sud, de la zone arrière, est tournée vers la guerre. Les femmes deviennent des chefs d’exploitation, les personnes âgées participent. Seuls les enfants vont toujours à l’école, où leur est délivré un message mobilisateur. Une poignée de soldats revient dans les usines. Ces affectés spéciaux sont toutefois peu dans la région. 70 % des Alpins du Sud sont touchés par la guerre : 40 % reviennent mutilés, 30 % périssent.

L’entre deux guerres.

Le chemin de fer Grenoble Gap

Source : inventaires ferroviaires

Le viaduc du Buzon

L’idée d’une liaison ferroviaire Grenoble > Gap remonte au milieu du XIX° siècle. Mais ce n’est que le 1er août 1888, qu’une première ligne métrique est mise en service jusqu’à La Mure. Son rôle initial était surtout de descendre le charbon des mines du bassin houiller de la Matheysine vers la vallée. Mais en cette région montagneuse difficile d’accès, elle assurera aussi très vite un service voyageurs et, en raison de son profil difficile et de son trafic, sera électrifiée en 1912.

Par ailleurs, conformément au projet d’origine, le prolongement vers le sud est envisagé dès 1904 pour désenclaver le Valbonnais. Cependant, les travaux seront longs et difficiles en fonction de la nécessité de construire deux ouvrages d’art majeurs : les viaducs de la Roizonne et de la Bonne. Ainsi, le village de Valbonnais ne sera atteint qu’en 1926 et celui de Corps, limite sud du département, en 1932.

Côté Hautes-Alpes, en Champsaur, les travaux ne débuteront qu’en 1913. Cependant continués pendant la première guerre mondiale grâce à des prisonniers allemands, Ils auront peine à reprendre après cette dernière. Avec la concurrence automobile, l’heure des voies ferrées secondaires est passée et les travaux seront définitivement arrêté en 1928. Dès lors, la ligne du Valbonnais n’ayant plus qu’un intérêt limité, fermera à son tour en 1945.

Les premiers grands barrages 

Source : revue de géographie alpine

Lac et Barrage du Sautet

Durant l’entre-deux-guerres, on assiste à la formation de grands groupes industriels qui réorganisent le système électrique alpin en fonction de la croissance de leurs besoins et de l’évolution du système électrique général, marqué par les progrès des techniques de transports de l’énergie qui permettent une interconnexion régionale puis nationale. La crise des années 1930 accélère le phénomène dans la mesure où la demande domestique conserve un meilleur dynamisme que la demande industrielle.

Le barrage du Sautet, situé à la frontière de l’Isère et des Hautes Alpes et achevé en 1935, présente un exemple très illustratif de l’évolution du rapport à la ressource hydraulique dans les années de l’entre-deux-guerres. 126 m de haut pour une retenue de 100 millions de m3 alimentant trois centrales pour une production estimée à 400 millions de KWh.

Cependant les barrages ne sont pas seulement affaire de technique ou d’économie. Ils font partie de ces aménagements qui mobilisent l’imaginaire, suscitent des discours lyriques ou diabolisateurs dans lesquels transparaît un peu de la vision du monde de leurs auteurs. En 1943, aux heures les plus sombres de l’occupation, l’ingénieur Ernest Dusaugey, découvreur et promoteur du site, écrit ceci : Au milieu des « renoncements » des années 1920 et 1930, « ces années néfastes, [où] sous l’effet combiné des violences sociales et des lois démagogiques, l’anémie gagnait tous les organismes de la production », la construction des grands barrages lui apparaît comme le « magnifique témoignage de la valeur d’une technique qui, elle, ne s’est pas abandonnée ».

Le tourisme

Édifié en 1926 par Pierre Lombard, l’hotel Lombard à Gap reste l’un des plus emblématiques de la ville. Symbole de l’époque « Art Déco », avec ses magnifiques sculptures florales d’origine, ses médaillons en façade signés Rosberg et son hall somptueux, il était, à sa création, un véritable concentré de modernité technologique (chauffage central, eau courante chaude ou froide, ascenseur doté d’un liftier…). Il fut l’hôtel le plus luxueux et le plus réputé de la ville à l’heure où les premiers touristes et randonneurs des Années folles arrivaient en gare ou par la route avant de rejoindre les sommets des Hautes-Alpes.

La gare de Gap
Le nouvel Hotel Lombard – avenue de la Gare –
Affiche PLM
Ski au col Bayard

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La seconde guerre Mondiale

Source Wikipedia

Lors de la Seconde Guerre mondiale, la ville fait partie de la zone libre. Mais après novembre 1942 et l’Opération Anton, elle est intégrée à la zone occupée. Après l’Opération Overlord du 6 juin 1944, les Allemands placent quelque 1000 hommes pour tenir la cuvette de Gap, point clé de l’axe Cannes-Lyon. Jean Drouot-L’Hermine 37 ans, résistant gaulliste de la première heure et soldat accompli (il a à son actif plus de 4 000 résistants formés au combat et une centaine de sabotages) est envoyé par le GPRF du Général de Gaulle pour libérer la ville au nom de la Résistance.

Aout 1944 débarquement des alliés à Saint Tropez.

Aidé par les Résistants et maquisards locaux, il n’a cependant pas les moyens de prendre la ville par la force. Il se lance alors avec ses hommes dans une campagne de sabotages et d’attentats qui dure plus d’un mois. Après avoir isolé la ville en détruisant les infrastructures de transport l’entourant (viaducs, lignes de chemin de fer, ponts…), les FFI parviennent à se rallier la population et à donner à l’occupant l’impression d’un encerclement.

À la mi-août 1944, Drouot-L’Hermine, qui a perdu son bras droit Paul Héraud quelques jours plus tôt, envoie deux émissaires pour négocier la reddition des Allemands. Ces derniers sont persuadés de faire face à une soulèvement de grande ampleur, et acceptent de déposer les armes à condition que ce soit face à des troupes régulières (ils refusent donc de se rendre aux Résistants).

20-08-1944 Les résistants défilent à l’entrée de Gap.

Alors que les Américains ne sont plus qu’à une cinquantaine de kilomètres, le temps presse pour Drouot-L’Hermine. Il a en effet reçu de De Gaulle l’ordre de libérer la ville avant l’arrivée des Alliés, afin d’appuyer la position de la France comme nation victorieuse, libérée grâce à la participation active de la Résistance.

Drouot-L’Hermine élabore alors un nouveau stratagème. Il parvient à convaincre les Alliés de faire avancer un de leurs chars en terrain ennemi, et de tirer quelques salves à proximité de Gap. Les tirs résonnent dans la vallée, et les Allemands identifient immédiatement le bruit caractéristique d’un char, arme que les maquisards ne peuvent pas détenir.

Pensant alors avoir affaire aux Alliés, les troupes du Reich se rendent aux Résistants. C’est ainsi que quelques centaines de Résistants ont pu capturer 1200 soldats allemands, dont 40 officiers. La ville est libérée le soir du 19 août 1944

1946-1975 Les trente glorieuses

Source wikipedia

Les trente glorieuses définitions

Barrage et lac de Serre Ponçon

Les Trente Glorieuses désignent la période de forte croissance économique et d’augmentation du niveau de vie qu’a connue la grande majorité des pays développés entre 1945 et 1975.

Les Trente Glorieuses sont une révolution, certes silencieuse, mais porteuse en réalité de changements économiques et sociaux majeurs, qui ont marqué le passage de l’Europe, quarante années après les États-Unis, à la société de consommation. Le cas de la France en particulier permet de saisir le sens du sous-titre du livre de J. Fourastié, la Révolution invisible, mais la croissance est forte aussi en Allemagne, en Italie, au Canada et au Japon, tirée à la fois par l’investissement et la consommation.

Après un début difficile, les vingt-huit ans qui séparent la fin de la Seconde Guerre mondiale, en 1945, du choc pétrolier de 1973 se caractérisent par :

Usine Nestlé. Elle était située entre l’avenue d’Embrun et la voie ferrée Gap Briançon et disposait d’un embranchement ferroviaire
Laboratoire offset Louis Jean 1958 – Elle était située avenue d’Embrun après l’usine Nestlé
  • un progrès technique élevé qui a permis un développement économique intense ;
  • la reconstruction économique de pays dévastés par la guerre ;
  • le retour vers une situation de plein emploi dans la grande majorité des pays ;
  • une croissance forte de la production industrielle (un accroissement annuel moyen de la production d’environ 5 %) ;
  • une croissance démographique importante (le baby-boom) dans certains pays européens et nord-américains (particulièrement en France, en Allemagne de l’Ouest, aux États-Unis et au Canada).
Ateliers Valisère. Ils étaient situés sur l’emplacement actuel du parking de Bonne

La forte croissance industrielle est facilitée par un accès aisé à l’énergie à bas coût, les énergies fossiles en particulier ; et par le  rattrapage technologique (par rapport aux États-Unis) dans les pays dont le capital humain (niveau d’éducation et d’expérience des travailleurs) était important.

Les trente glorieuses à Gap et dans les Hautes Alpes

Départ en classe de neige par le train de nuit Paris-Briançon

Dans son livre « voyages en France d’un agronome » publié en 1951 René Dumont comparait le niveau de vie des habitants des communes montagnardes des Hautes Alpes au niveau de vie des communes rurales les plus reculées du fin fond de la Chine. A l’exception des habitants ayant pris le virage du tourisme hivernal et estival, l’exode rural s’est poursuivi pendant toutes ces années.

Les habitants de Gap et des zones urbaines des Hautes Alpes y compris ceux des villages proches des domaines skiables ont cependant vu leur niveau de vie s’améliorer en accédant à la société de consommation a la fin des années cinquante. Cette amélioration s’est faite réellement ressentir pendant les années soixante avec le développement rapide des stations de ski et la mise en eau du barrage de Serre-Ponçon. De nombreuses entreprises employaient sur place des centaines d’ouvriers générant le plein emploi dans un cadre de vie privilégié.

1973-2001

Source Le Monde des Idées Par Bertrand Le Gendre (Editorialiste) Publié le 30 novembre 2010 à 14h03

Après trente années de croissance continue qui vont de la Libération au premier choc pétrolier. Trente années piteuses auraient suivi. Une France frileuse, tournée vers elle-même, qui trancherait avec l’euphorie des « trente glorieuses ». Piteuses non dans l’absolu, mais par contraste avec les précédentes. L’économiste Jacques Marseille a montré que, entre 1975 et 2005, les Français, malgré leur morosité, ont gagné sept ans d’espérance de vie. Leur pouvoir d’achat a doublé et leur fortune triplé. Il n’empêche qu’au milieu des années 1970 le chômage de masse a fait son apparition, plongeant la société française dans le doute. C’en était fini des bienheureuses années 1960 !

1973 et le premier choc pétrolier

Source wikipedia

Le premier choc pétrolier est une crise mondiale des prix du pétrole qui débute en 1973 à la suite du pic de production de pétrole des États-Unis et de l’abandon des accords de Bretton-Woods qui a pour effet une forte concentration de la dévalorisation du dollar et donc des cours du pétrole qui sont libellés en dollars.

La crise économique induite est cependant souvent associée à ce choc à cause de la déclaration d’embargo de l’OPEP accélérant encore la hausse de prix du baril dans le contexte de la guerre du Kippour. D’octobre 1973 (date traditionnelle associée au début de la crise) à mars 1974, le prix du baril est quadruplé, passant de 2,59 à 11,65 dollars. Les effets du « premier choc pétrolier » vont se faire sentir jusqu’en 1978. Un second choc va suivre en 1979.

La mondialisation

Source : wikipedia

90% du commerce mondial s’effectuent par transport maritime.

La genèse du terme explique que ce processus soit le plus souvent envisagé sous le seul aspect de la mondialisation économiquedéveloppement des échanges de biens et de services, accentuée depuis la fin des années 1980 par la création de marchés financiers au niveau mondial. En toute rigueur, il conviendrait ainsi de parler « des » mondialisation« s », afin de distinguer le domaine considéré (économieculturepolitique) et la période historique envisagée.

Centre de données de Google

La forme actuelle de la mondialisation de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle repose sur deux facteurs essentiels :

  • la faiblesse des coûts de transport au regard des écarts des coûts de production (au sens économique du terme), qui touche les biens matériels,
  • la baisse des coûts de communication au niveau mondial, qui touche la diffusion sous forme numérique des informations, y compris financières.

Gap et les Hautes Alpes

La crise pétrolière et la mondialisation de la fin du XXe siècle ont vu les quelques entreprises industrielles importantes disparaitre du fait de l’enclavement de Gap et des Hautes Alpes. Cependant, grâce à son environnement préservé, à l’attractivité des stations de sport d’hiver et des parcs et réserves naturelles, Gap jouit indiscutablement d’une qualité de vie qui a pour conséquences une attractivité et une croissance tant démographique qu’urbaine.

D’une ville « à taille humaine », Gap est devenue une agglomération, sans pour autant en prendre le statut. Les questions suivantes se posent alors :

  • Comment contenir l’étalement urbain tout en accueillant de nouveaux Gapençais ?
  • Comment garantir une économie pérenne, en utilisant les atouts du territoire et en respectant l’environnement ?
  • Quels choix de déplacements pour un développement de la ville plus durable ?
  • Comment permettre une bonne mixité générationnelle à Gap ?
  • Comment attirer/maintenir les jeunes à Gap ? Etc.

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